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« Lire avec nos jeunes et leur donner notre point de vue d’adulte »
Article mis en ligne le 3 avril 2014

par Séverine Gourville

Invitée par Canopé (ex-CRDP) et l’association Solidarité et Culture dans le cadre de la semaine de la presse à l’école, Sylvie Debras journaliste et docteure en information-communication anime une série de conférences autour du thème « la presse et les jeunes : information ou manipulation ».
A l’origine de cette conférence, le souhait de la journaliste d’aider les jeunes à comprendre la manière dont l’information est hiérarchisée et organisée dans la presse.

Selon son analyse, en occultant une partie de la population ou en attribuant toujours les mêmes caractéristiques à une catégorie de personne, certains médias contribuent à véhiculer des stéréotypes sexistes, racistes, âgistes et discriminants existants au sein de la société. Elle constate, en s’intéressant aux pratiques de lectures des 12-19 ans, que cela est particulièrement valable pour le type de presse qui capte le plus l’intérêt des jeunes à savoir les magazines TV, la presse dite « trash »,la presse people, les magazines féminins. «  Les femmes présentes dans cette presse sont jeunes, minces, « refaite » explique Sylvie Degras. Généralement les femmes apparaissent comme fragiles ou victimes de quelque choses. Les hommes sont présentés dans une position d’experts ou de jugement par rapport aux femmes.  » Elle note que de plus en plus ces derniers sont concernés par la « tyrannie de l’apparence » où les messieurs doivent apparaître jeunes et musclés. Ils doivent donner une image de compétiteur qui corresponde à la performance.

Autre constat pour Sylvie Degras, ce type de presse mêle confusément publicité et information. « Dans le deuxième magazine le plus lu par les filles de 12-19 ans, sur 214 pages 153 sont dédiées à la publicité ». L’information est uniquement au service du divertissement. Elle s’oriente autour de témoignages de vécu personnel ou de leçons de vie.
Pour les jeunes lecteurs, s’ils ont conscience de l’exagération et de l’aspect superficiel notamment de la presse people ou trash, ils restent néanmoins surpris lorsqu’au cours des conférences Sylvie Legras détaille le travail de retouche d’image opéré sur les modèles proposées par ces magazines. Selon la journaliste, même si les jeunes ne sont pas dupes, « c’est l’effet perfusion » qui leur est nocif. En lisant régulièrement cette presse, les messages et modèles qui y sont véhiculés imprègnent leur esprit et nuisent à leur développement personnel.

Ainsi, pour contrer « cette presse qui fait des jeunes des éponges à potins et des consommateurs », elle propose différentes pistes d’actions. D’abord analyser les contenus de ce qui intéresse les jeunes : « Il est important de lire avec nos jeunes et leur donner notre point de vue d’adulte ». Mère de deux enfants, la journaliste va plus loin et préconise l’interdiction de l’achat de certaines publications dont les contenus menacent la construction de l’identité des jeunes. « Nous devons nous positionner en tant qu’adulte et faire contre-poids à ces tendances ». Enfin la journaliste rappelle la résolution de l’ONU de 1995 qui stipule la nécessité de « donner une image équilibrée et non stéréotypées des femmes dans les médias ». Elle invite tout un chacun à lutter contre les dérives en écrivant aux titres de presse ne respectant pas cette résolution.

Sylvie Legras donnera une conférence publique sur ce thème mardi 8 avril à 17heures à l’ESPE (ex-IUFM) sur le campus universitaire du Tampon.


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