Film et Spiritualité à Saint-Denis
Article mis en ligne le 2 janvier 2011

par La Rédaction d’Église à La Réunion

Dans le cadre de Film et Spiritualité, le Centre Saint-Ignace invite à voir ou à revoir « Le Salon de musique » de Satyajit Ray, dimanche 9 janvier de 17h30 à 19h30, Salle Jean de Puybaudet, 31 rue Sainte Anne, à Saint Denis. La projection sera suivie d’un débat.

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Le Salon de musique

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Film de Satyajit Ray (Jalsaghar), Inde, 1958, avec Chaabbi Biswas, Padma Devi, Ganga Pada Basu.

Le déclin par étapes d’un mécène, aristocrate de la caste des Zamindars, propriétaire terrien oisif, protecteur des arts mais imbu de la noblesse de sa caste, de ses droits et de ses vertus. À sa passion pour la musique et la danse, illustrée par les réceptions toujours plus ruineuses données dans son salon de musique, il sacrifiera sa fortune et, indirectement, sa famille…

Le Salon de musique conte la fin d’un monde. Les bourgeois enrichis prennent la place des propriétaires terriens appauvris. Les premières voitures remplacent les éléphants. Le seigneur Roy, qui prêtait aux pauvres sans intérêt et ne réclamait jamais les arriérés de ses fermages, est aujourd’hui ruiné. Ruiné aussi, surtout, par sa passion de la musique.

À elle seule, la musique admirable de Vilayat Khan qui baigne tout le film suffirait à notre bonheur. Mais, dans le contexte où la place Satyajit Ray, elle donne au film son vrai sens. Le Salon de musique parle d’un passé révolu dont le souvenir est toujours vivant. C’est exactement ce qui se passe pour celui qui vient d’assister à un concert de musique indienne : les musiciens ont improvisé selon des règles strictes. Au départ, quelques notes, qui se répètent. Peu à peu, les musiciens trouvent une mélodie qu’ils développent. Le rythme se précise, s’amplifie, se précipite, jusqu’à devenir tellement lancinant que, lorsque les musiciens s’interrompent, il continue de battre en nous. Il en va de même dans la vie : rien ne meurt ; tout ce qui a existé existe et existera. Les pierres peuvent se déliter, les toiles d’araignée pendre du superbe lustre de cristal, les glaces se ternir, un cheval blanc emporter le dernier rajah, la culture - c’est-à-dire le passé - continue de nous faire vivre.

Selon Salman Rushdie, « Satyajit Ray a toujours préféré l’histoire intime à l’épique majestueux, (…) il est par excellence le poète à l’échelle humaine ». Le Salon de musique, c’est Le Guépard de Lampedusa, c’est La Cerisaie de Tchékhov, à la mode indienne. Mais c’est aussi un film si beau, si simple, si envoûtant qu’il en devient universel.


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