Film et Spiritualité à Saint-Denis
Article mis en ligne le 2 janvier 2011

par La Rédaction d’Église à La Réunion

Dans le cadre de Film et Spiritualité, le Centre Saint-Ignace invite à voir ou à revoir « L’Île » de Pavel Lounguine, dimanche 13 février, de 17h30 à 19h30,
Salle Jean de Puybaudet, 31 rue Sainte Anne, à Saint-Denis. La projection sera suivie d’un débat.

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L’Île

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Film de Pavel Lounguine, Russie, 2008, avec Piotr Mamonov, Viktor Soukhoroukov, Dimitri Dioujev, Iouri Kouznetsov, Viktorika Issakova, Nina Oussatova.

Un monastère orthodoxe sur une île du nord de la Russie. Un moine perturbe la vie de sa communauté par son comportement étrange. En effet, selon la rumeur, l’homme possède le pouvoir de guérir les malades, d’exorciser les démons et de prédire l’avenir. C’est en tout cas ce que croient les pèlerins qui se rendent sur l’île. Mais le moine, qui souffre d’avoir commis une terrible faute dans sa jeunesse, se considère indigne de l’intérêt qu’il suscite…

L’île raconte le chemin de rédemption d’un assassin. Soumis à une double contrainte perverse (être tué ou tuer son capitaine), il a lâchement tué un homme courageux et généreux. Devenu moine, il vit triplement isolé : sur une île du nord de la Russie ; exclu par ses frères du monastère ; mais plus encore s’excluant car rongé par le souvenir de son crime. Comment trouver le repos en dormant dans le charbon, marchandise que transportait le bateau où il a commis son crime ? Le père Anatoli cherche à réparer en multipliant, non pas tant les miracles demandés par ses innombrables visiteurs, que les actes de bonté. Plus encore, il ne cesse de supplier le Dieu trois fois saint de lui pardonner, avec les paroles du psaume 51 ou la prière du Nom de Jésus. Ce film laisse entrer au cinéma le monde du surnaturel divin, car tout est miracle dans la vie, tout peut aider l’homme à s’élever au-dessus de sa médiocre condition. Le charbon, noir comme le péché, est le « signe de Caïn » du moine avec son poids de culpabilité qui le torture et pour lequel il s’adonne à une dure pénitence jusqu’à en devenir clairvoyant. Celui qui connaît son péché voit le péché des autres. C’est son péché qu’il transporte dans sa brouette, qu’il brûle dans la chaudière pour réchauffer ses frères ; il dort sur ce péché-charbon et invite son supérieur, après l’avoir délesté de ses bottes et de son couchage, à en faire autant dans un acte de profond dépouillement. Assis côte à côte, le visage serein, ils communient dans cette légèreté de leur être délivré de toute charge inutile. A la fin du film le moine, revêtu d’une tunique blanche, blanche comme son âme après l’expiation de sa faute, peut s’endormir paisiblement dans l’éternité.

Tout se passe comme si ce film mettait en scène une identification au Christ qui, dans l’orthodoxie, s’opère sous la figure singulière et fameuse des « fols en Christ ». Ces hommes et femmes, moines mais aussi simples laïcs ivres de Dieu, choisissent de vivre exilés de la raison. Les gestes, les paroles et les silences du père Anatoli ne deviennent compréhensibles qu’à celui qui accepte d’être mesuré par une sagesse qui n’est pas humaine.

Et si L’île était au cinéma ce que L’Idiot de Dostoïevski était à la littérature ? En filmant une âme ravagée au ras de la tourbe et de la neige, plongée dans les affres charbonneuses d’une vie tourmentée, Pavel Lounguine réalise une de ces très rares œuvres qui fixent aussitôt - et définitivement - notre regard sur le noyau du Mystère : être sauvé ou être perdu. Résolument spirituel, L’île est un hommage incandescent à la radicalité de la vie religieuse fêtée ce mois-ci (le 2 février).


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