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René Payet, un « diable de prêtre » au cœur de la société
Article mis en ligne le 8 septembre 2011

par Françoise Adam de Villiers

Le père René Payet, décédé ce 8 septembre 2011, était né le 12 novembre 1922 dans une famille modeste de petits Blancs. C’était le troisième d’une fratrie de onze. En 1936, il entre au petit séminaire de Cilaos, continue au grand séminaire avec un séjour en métropole pour finalement être ordonné le 29 juin 1948 par Mgr de Langavant.

Nommé professeur au petit séminaire de Cilaos, il aura notamment pour élève Gilbert Aubry. Dans son livre Quel diable de prêtre ! paru en 1996 chez Océan Éditions, puis ré-édité chez Karthala sous le titre René Payet, prêtre créole de La Réunion, il écrit à propos de ces années-là : « L’actualité locale a été riche d’événements dont je suis totalement resté en marge, que j’ai totalement ignorés : les grandes et longues grèves des cheminots, des dockers, des fonctionnaires, des planteurs, l’élection de Raymond Mondon et de Paul Vergès comme députés, les émeutes provoquées par les fraudes et les violences électorales. »

Est-ce là qu’il faut chercher, dans cette prise de conscience, le levier de l’engagement social et politique qui marqueront tout le reste de sa vie ? Un engagement toujours enraciné dans l’Évangile.

Après son temps de professorat à Cilaos, le père René Payet part quelques mois en métropole se former à l’Action catholique. Il est ensuite nommé en 1961 par Mgr Guibert directeur de la Maison des Œuvres à Saint-Denis. Dans la foulée, il vit le concile Vatican II et tire les conséquences de la volonté de « renouvellement » à l’intérieur de l’Église : dorénavant, celle-ci s’ouvrira davantage au dialogue avec la société civile et les autres courants religieux.

En août 1964, il devient directeur de l’hebdomadaire du diocèse, Croix-Sud. À partir de 1970, il se lance avec d’autres dans l’aventure de Témoignage chrétien de La Réunion qui durera jusqu’en 1981.

Il aura aussi été, entre autres, animateur à l’Arep (Association réunionnaise d’éducation populaire), aumônier de jeunes, curé en paroisse (Grands-Bois, Saint-Louis, Saint-Pierre, Bras-Panon…), aumônier de prison... À partir de 1977, il milite au sein du PCR et devient collaborateur régulier du quotidien Témoignages, généralement sous le pseudonyme de « Olivier Tienbo », il se porte candidat à plusieurs élections... Des engagements diversement compris et acceptés à l’intérieur de l’Église. Au-delà des difficultés et des tensions, Mgr Gilbert Aubry avait souligné en 1998, lors du cinquantième anniversaire d’ordination du père René Payet, « ce qui le caractérise : la chaleur qui traverse ses relations humaines et la générosité du cœur ».

Ce « diable de prêtre », pas toujours commode parce que passionné, et pourtant si proche des gens, n’aimerait pas lire aujourd’hui qu’il est mort mille et une louanges sur sa personne. Qu’il nous pardonne de reprendre pourtant ce que lui-même disait d’Alexandre Monnet, dans une prière adressée au « père des Noirs » : « Au prestige, tu as préféré le service ; au-delà de la hiérarchie, tu as privilégié la solidarité. (…) À la lumière de ton témoignage, il nous est aujourd’hui possible de lire les avancées de la Bonne Nouvelle de Jésus dans les tâtonnements de notre histoire… (…) Que cet héritage dynamise nos ambitions et fortifie et féconde notre espérance ! »


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