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Les prêtres du diocèse en retraite annuelle avec Monseigneur Soubrier
Article mis en ligne le 21 janvier 2010

par Geneviève Barbeau

Chaque année, en janvier, les prêtres du diocèse de La Réunion se retirent en retraite pendant quelques jours chez les soeurs de Saint-Joseph de Cluny, à La Montagne. Cette année, c’est Monseigneur Georges Soubrier, évêque émérite de Nantes, qui prêche la retraite. Nous l’avons rencontré, il s’est plié avec gentillesse à l’exercice des questions sur sa première visite à La Réunion.

Le diocèse de La Réunion a fait appel à vous pour prêcher cette retraite des prêtres. Pourquoi ?

Il y a d’abord la réalité de mon ministère. A Nantes, le séminaire Saint-Jean accueille des séminaristes de La Réunion, de Maurice, de Rodrigues et des Seychelles. D’autre part, pendant des années, avant d’être évêque, j’ai été supérieur de séminaire. Je suis prêtre de la compagnie des prêtres de Saint-Sulpice et formateur de prêtres. Cela m’a donné l’occasion de connaître un certain nombre de prêtres et d’évêques.

J’ai connu notamment Monseigneur Guibert, prédécesseur de Monseigneur Aubry. Le premier séminariste réunionnais que j’ai accueilli, en tant que supérieur de séminaire à Issy-les-Moulineaux était le père Jean-Claude Imouche, ordonné diacre au séminaire Saint-Sulpice à Paris par Monseigneur Guibert.

C’est aussi le premier prêtre qu’a ordonné Monseigneur Aubry, que je connais bien. C’est lui qui m’a invité, un jour, à venir prêcher une retraite, mais tant que j’étais évêque de Nantes, j’étais trop pris et ne pouvais me libérer. Je suis maintenant à la retraite et j’ai donc répondu à l’invitation de votre évêque. J’ai fait une première retraite pour les diacres pendant deux jours et demi, puis il y a ces deux retraites de prêtres.

Pourquoi les prêtres font-ils une retraite ?

Les prêtres, à travers leur ministère, animent eux aussi des retraites d’accompagnement, mais en tant que prêtres, nous ne pouvons qu’approfondir ce que nous communiquons aux autres, ce que nous voulons partager aux autres. Nous devons prendre le temps de nous re-situer.

« La retraite est nécessaire pour se poser, et laisser advenir la Parole », m’avait dit un jour quelqu’un. Se poser parce qu’il y a plein d’activités pour un prêtre. Prendre un temps de repos permet de décanter un certain nombre de choses. Laisser advenir la Parole, cette Parole de Dieu sur laquelle on a donné toute sa vie, cette Parole dont on est serviteur auprès des autres. Qu’on prenne le temps de l’écouter, de l’approfondir pour nous et à travers l’animation de la retraite.

Concrètement, comment se passe une journée de prêtre en retraite ?

A travers ma journée et ce que je perçois, nous avons l’office du matin à 7h30 puis le petit déjeuner en silence. A 9 heures, le premier enseignement dure quarante-cinq minutes, il est suivi d’un temps de silence, d’approfondissement personnel. L’Eucharistie est à 11h30 avant le repas. Le déjeuner ne se prend pas en silence, c’est un temps de rencontre, de convivialité et d’échange.
Après on peut appeler ça un temps de récréation et ensuite, encore le silence jusqu’au second enseignement à 16 heures. A 18 heures, adoration du Saint-Sacrement et les vêpres pendant une heure. Le repas du soir est pris à 19 heures. Ensuite, c’est le repos, un temps personnel.

Les prêtres, s’ils le souhaitent, ont un temps de partage avec d’autres, sur la perception de l’enseignement donné, mais à l’extérieur du bâtiment car cet espace, c’est le silence. Chaque prêtre peut aussi me rencontrer selon une organisation bien établie.

Ce lieu, les Brises, à La Montagne, est-il bien adapté pour de telles retraites ?

Oui, par sa capacité d’accueil et de service avant tout mais aussi par sa chapelle, sa salle de conférence. Certains sont bien sûr favorisés car ils ont une chambre donnant sur l’océan, les autre sont à l’arrière du bâtiment (sourires). Les chambres sont modestes, avec le strict minimum, ça rappelle le séminaire ! (rires).

Non, on est bien et le service est parfait. Les soeurs ne savent que faire pour nous satisfaire, à table particulièrement. Elles prennent soin de ceux qui ont un régime, surveillent pour savoir s’ils le respectent...

Vous avez découvert récemment La Réunion, vous la découvrez aussi par la cuisine réunionnaise chez les soeurs ?

Oui, chez les soeurs je découvre. Quand il y a du piment on m’avertit, mais moi je suis prudent ! Je prends un petit peu, c’est tout... Et puis le riz... On m’a informé qu’il fallait me servir du riz avant, et du reste après... J’apprécie bien cette cuisine qui est plutôt simple et je ne suis pas trop déconcerté dans mes habitudes alimentaires.

A part la cuisine, qu’est ce qui vous a marqué à La Réunion ?

Tout d’abord le paysage ; ce volcan, toute la partie littorale... Je n’ai pas encore vu tout de la montagne, on m’a conseillé néanmoins de visiter un des trois cirques.

Ce qui m’a le plus frappé, c’est le nombre de paroisses. On peut apprendre ici la litanie des saints ! C’est aussi la taille des églises et qu’on me dit qu’elles sont souvent remplies ! Quand il y a de grands rassemblements, il peut y avoir 10 000 personnes, c’est impressionnant !

Quand on m’a parlé de la pratique religieuse dans l’île et quelle était la part du ministère de la réconciliation, l’écoute des gens...

Et puis ici on aime bien chanter, se sont des communautés chantantes, vivantes...

Il y a bien sûr, comme partout, cette souffrance, des vies blessées, une attente par rapport à la vie de l’Église, une prière de dévotion.

Ce qui m’a frappé aussi, par exemple quand je suis allé au Port, j’ai pu voir l’ashram. Comme dit Monseigneur Aubry, ici, c’est un arc-en-ciel, par rapport à la diversité de la population, par rapport aux religions, à toutes ces cultures qui sont brassées.

Vous l’avez souligné, beaucoup de fidèles dans les paroisses de La Réunion. Quelles différences avec la métropole ?

Dans le diocèse de Paris, pendant huit ans, j’ai été évêque-auxiliaire de Paris.
Dans la capitale, il y a aussi de grandes églises, qui, le dimanche, sont remplies. Mais en semaine, il n’y a pas l’assistance qu’il y a ici.

A Nantes aussi, des paroisses, surtout en ville, sont très fréquentées mais ailleurs, dans le rural en particulier, il y a des communautés aujourd’hui qui se sont réduites.

Et puis souvent il n’y a pas de jeunes, comme ici, et surtout des enfants à l’église. Le nombre d’enfants catéchisés et confirmés à La Réunion, c’est quand même impressionnant ! Il y a une réalité vivante. Je le sens aussi à travers ce que me disent les prêtres. C’est tout un travail d’éducation de la foi, dans un monde où on nous demande aujourd’hui quelles sont les raisons de croire, comment il faut que notre foi au Christ soit fondée ! Il y a tout ce travail à faire et en même temps, les gens sont là et c’est considérable.

En conclusion, quels seraient vos voeux pour 2010 ?

Ce que je souhaite c’est que ce soit une année où vraiment, des chemins d’espérance soient ouverts pour tous. J’ai été marqué, au début de mon ministère d’évêque. J’avais beaucoup travaillé avec les séminaristes et avec des universitaires. Un jour, je me suis retrouvé avec des jeunes confirmands d’un lycée professionnel. Dans un groupe, l’un d’entre-eux me dit : « Je voudrais savoir s’il existe un sacrement de l’Espérance parce que j’en aurais bien besoin pour moi et mes copains ! »

Je souhaite donc que l’Église soit encore plus ce chemin de l’espérance. Une espérance qui nous est confiée pour être offerte à tous.


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