Dimanche 26 mai, une messe sera célébrée à l’église de Notre-Dame Auxiliatrice de La Ressource à l’occasion des 50 ans de sa reconstruction en 1974. Un haut lieu de l’histoire régionale et indianocéanique.

L’étincelle de lancement de la présence des jésuites dans l’océan Indien combine plusieurs réalités : la mission bien ancrée du Maduré dans le sud-est de l’Inde, les amitiés qui se nouent lors des escales des jésuites à Bourbon pour la rejoindre, et la décision en 1844 de lancer la mission d’évangélisation de Madagascar. Seulement, il est interdit aux jésuites (comme à tous les Européens) de mettre les pieds sur la Grande Île gouvernée alors par la reine Ranavalona 1^re, très attachée à la préservation des coutumes des ancêtres et craignant l’influence néfaste des colonisateurs sur ses sujets.
L’idée est de faire de Bourbon une base arrière aux missionnaires dans leur œuvre d’évangélisation de Madagascar, porte vers l’Afrique. Par ailleurs, les jésuites sont présents sur plusieurs Petites Îles (Sainte-Marie, Nosy Be, Mayotte…) qui appartiennent à la France. Ils ont l’idée de regrouper les enfants les plus prometteurs de ces îles et ceux des familles d’engagés arrivés à Bourbon dans un centre de formation pour leur dispenser une formation scolaire, une éducation chrétienne et leur apprendre un métier. Les garçons sont formés à La Ressource et les filles à Nazareth par les Sœurs de Saint-Joseph de Cluny. Les couples chrétiens qui se forment retourneront à Madagascar « être le levain dans la pâte ».
Il s’agit de former la future élite missionnaire avec un enjeu civilisationnel en arrière-plan pour la Compagnie de Jésus. Les échanges culturels sont foisonnants. Les jésuites apprennent aux jeunes le français et les jeunes apprennent le malgache aux jésuites. Au point d’aboutir en 1853 à l’impression du 1^er dictionnaire malgache-français par le père Webber à La Ressource, un ouvrage toujours utilisé de nos jours.
Autre fait important, parmi les élèves de La Ressource, se trouve le fils du roi de Nosy Be, Basilide Rahidy qui se sent appelé à la prêtrise. Il deviendra le premier prêtre malgache jésuite en 1874.
La Ressource sera aussi le premier Grand séminaire du diocèse de La Réunion avant d’être transféré à Cilaos.
Quelle ironie de l’histoire de savoir qu’aujourd’hui dans la zone de l’océan Indien, le plus grand nombre de vocations naissent à Madagascar et que ces nouveaux missionnaires sont envoyés partout dans le monde (en particulier les pays de l’hémisphère nord) pour annoncer la Bonne Nouvelle. « L’Esprit Saint souffle là où il veut », rappelle le père malgache Jean-Luc Ramarolahy, spiritain en charge de la paroisse de La Ressource. Un grand merci à lui, et au père Stéphane Nicaise, jésuite et anthropologue, pour ses précisions historiques.