Laurent Grzybowski fête ses 25 ans de chansons à La Réunion

Article mis en ligne le 21 avril 2014

dernière modification le 21 mars 2017

Le chanteur chrétien Laurent Grzybowski est en tournée à La Réunion jusqu’au 1^er mai.

Vous revenez à La Réunion pour fêter un anniversaire spécial : vos vingt-cinq ans de chansons, plus précisément de tournées. Le plaisir de chanter a-t-il pris un « coup de vieux » ou est-il toujours aussi présent ?

Non, il n’ a pas pris de « coup de vieux » ! Pas du tout ! Pas une seule seconde ! Au contraire, la question que je me pose souvent est : « Comment ferais-je si je devais un jour arrêter de chanter ? » Le chant est une passion, qui ne fait que s’aiguiser. Car pour moi, le chant n’est pas simplement un exercice esthétique. Ce qui m’intéresse à travers ça, ce sont les rencontres permises par la musique et la chanson : gens, communautés, amis, au-delà des différences de culture, de génération... Le pouvoir de la musique, c’est de faire tomber les murs. Chanter, c’est ouvrir des portes. Tant mieux, je n’aime pas vivre les portes fermées ! J’espère pouvoir un jour fêter mes 50 ans de chansons !

Sur internet (page Facebook), vous promettez aux Réunionnais « des moments forts, intenses, rigolos, surprenants, amicaux, priants, festifs, joyeux, fraternels » ! Peut-on en savoir plus ?

C’est pour dire : j’ai envie de laisser la place à l’imprévu. Quand je fais un concert, ce n’est pas réglé comme du papier à musique, je ne suis pas dans la programmation. Je veux me laisser surprendre, toucher par l’autre. Changer les choses à la dernière minute. Accueillir l’enfant, la personne handicapée, donner la place à des jeunes qui vont sortir leurs instruments de musique alors que ce n’était pas prévu... Si j’ai écrit ça sur internet, ce n’est pas parce que j’ai prévu des choses particulières, c’est justement le contraire : je suis dans l’ouverture à tout ce qui pourrait se passer. De fait, je sais qu’il y aura tous ces moments-là, forts, rigolos... Je ne viens pas avec des œillères, les yeux fermés, pour simplement faire mon programme et dire bonjour-au revoir.

Quand vous quittez notre île, que ramenez-vous dans vos bagages spirituels ?

Trois choses.
Beaucoup d’énergie ! Et aussi de joie. Et quand je dis joie, c’est vraiment une question spirituelle. C’est tellement lié à l’évangile et à notre identité chrétienne de ne pas être des rabats-joie, mais au contraire des allumeurs de joie ! Je suis dopé : dopé au soleil de La réunion, dopé aux sourires des gens, dopé à ces églises souvent pleines, chantantes, participantes...
Beaucoup d’espérance ! Pour moi, votre île a une longueur d’avance, dans la rencontre de la diversité, le métissage. C’est le XXII^e siècle ! Et ça, j’en rends témoignage en Métropole. Le mélange réunionnais est quelque chose qui me donne envie de témoigner que c’est possible, et que, non seulement c’est possible, mais qu’en plus, c’est inéluctable ! Notre monde n’est pas appelé à s’enfermer derrière des murs et des barbelés, chacun chez soi, mais à se mélanger.
Beaucoup de communion ! Dans nos églises, en Métropole, il y a une peur des catholiques, peur de disparaître, d’être minoritaires, il y a un peu de découragement, avec des églises presque vides... Quand je me retrouve dans des églises, loin de chez vous, ça m’arrive souvent de penser à La Réunion, à vos chants, à votre ferveur, à la vitalité de vos paroisses. C’est très dynamisant et c’est un bel exemple.

Vous avez sorti 11 albums : vous travaillez actuellement sur le 12^e ?

Exactement ! Pas plus tard qu’hier soir, je travaillais sur le nouvel album, qui sera plus engagé politiquement que les précédents. J’écris un texte concernant les Roms, des populations que j’estime aujourd’hui extrêmement discriminées. Par exemple, il y a quelques jours, un maire a lancé une circulaire ministérielle pour demander à la police de trouver tous les Roms dans la rue et de les chasser. Un peu comme on faisait la chasse aux Juifs dans les années 30. Je ne peux pas rester silencieux. Chanter est aussi une arme, non violente. Une arme politique, et spirituelle avant tout. C’est ma manière de m’exprimer et de défendre l’être humain quand il est menacé. Ce chant sur les Roms va s’intégrer dans le prochain album qui s’appellera certainement Coexister. (Sortie prévue en 2015).