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Jour après jour, Bonne Année !
Article mis en ligne le 30 décembre 2014

par Mgr Gilbert Aubry

L’évêque Monseigneur Gilbert Aubry adresse ses vœux pour la nouvelle année.

Personne n’est sûr d’arriver à demain, à ce jour qui suit le jour où vous lisez ces lignes. Personne n’est jamais sûr d’arriver au bout d’aujourd’hui, à plus forte raison de demain et encore plus d’une année. C’est bien pour cela que nous nous souhaitons « Bonne Année ». Nous espérons. Nous espérons bien arriver à la fin d’un parcours de trois-cent-soixante-cinq jours. Et nous avons besoin les uns des autres pour nous épauler, nous soutenir, nous encourager. Nous nous souhaitons la santé avant tout, les moyens de vivre, la prospérité peut-être. Se comprendre, vivre en paix dans nos familles, dans la société. Formules consacrées ? Il y aura sans doute des épreuves à traverser, peut-être des ennuis de santé ou des revers de fortune. Hélas !

Trois-cent-soixante-cinq jours ça ne se boucle pas d’un coup. L’espérance suppose la foi dans un état d’esprit où les uns et les autres nous serons habités par la même lumière pour avancer ensemble. Il y a nécessairement un combat personnel à mener pour faire réussir la vie dans un vivre ensemble fraternel. Du cercle humain le plus proche aux cercles les plus lointains. Les formules consacrées ne sont certainement pas magiques. La fraternité se reçoit et se construit dans un même mouvement du cœur, de l’intelligence, de la volonté, avec la persévérance s’inscrivant dans la durée.

Nous les êtres humains, hommes et femmes, nous sommes tous frères et sœurs, ontologiquement. Nous formons la grande famille humaine. Nous partageons la même origine. Nous avons la même nature et la même dignité. Et comme dans toute famille humaine, la fraternité s’exprime dans la multiplicité et les différences. Les croyants, selon leurs traditions et leurs calendriers respectifs, fécondent le temps en ressourçant la fraternité en Dieu, dans le Créateur, dans l’origine sans commencement ni fin. En ce qui concerne la Tradition judéo-chrétienne, « (…) le péché d’éloignement de Dieu, de la figure du père et du frère devient une expression du refus de la communion et se traduit par la culture de l’asservissement (cf. Gn 9, 25-27), avec les conséquences que cela implique et qui se prolonge de génération en génération : refus de l’autre, maltraitance des personnes, violation de la dignité et des droits fondamentaux, institutionnalisation d’inégalités » (pape François).

Nous sommes au seuil de la nouvelle année civile, administrative : 2015 ! La fraternité à La Réunion ne doit pas être seulement un idéal de la République. Une idée dans l’air, une idée sans chair. C’est un engagement à prendre pour vivre ici et maintenant, vraiment, comme des frères et des sœurs en humanité. Sortir de nos conditionnements n’est pas facile. Fraternité, liberté, responsabilité vont ensemble pour nous extirper de nos asservissements sur un territoire exigu à la forte démographie, territoire où nous risquons de nous enfermer dans des effets de mode stérilisants. Plus nous sommes empilés les uns sur les autres, plus il nous faut nous mettre d’accord sur des codes de conduite minimum, essentiels et les respecter.

Assumer, se transformer, agir

Que nous sachions nous accepter différents, nous apprécier, valoriser en nous et dans les autres ce qu’il y a de meilleur. Entre les jeunes, dans les couples, dans les familles, partout dans les divers groupes, dans les quartiers, dans les multiples instances, il s’agit de prendre sur soi pour faire avancer les choses. Assumer, pardonner, se pardonner, se transformer, agir et transformer, créer. On ne peut pas seulement vivoter et laisser filer. Et que chacun se dise tous les jours : « c’est mon affaire, il faut que ça bouge. Je ne me découragerai pas, même si c’est difficile, même si cela m’en coûte ». S’engager. Nous avons à évoluer dans nos mentalités, à faire évoluer.

Surtout, en cette année électorale, les légitimes stratégies politiques doivent s’interdire les anathèmes, les manipulations et les jeux d’échecs à trois coups d’avance. Tout en travaillant à des prospectives, à la répartition des compétences et des financements entre l’Etat, le Conseil Général, les intercommunalités et la Région, le plus important est de prendre en considération la population elle-même actuellement. Il est dangereux de la chloroformer avec des fêtes dispendieuses, des feux d’artifice à profusion… du pain, des sous, des jeux. D’anciennes civilisations sont allées à la décadence et à la dissolution sur cette pente facile. Pour nous, à La Réunion, le réveil pourrait être brutal. Il est urgent de sortir des clivages politiciens du pouvoir pour le pouvoir. Tout en étant différents, n’y-a-t-il pas moyen de mettre ensemble les bonnes idées pour rechercher des solutions qui collent au terrain, qui permettent aux personnes de se prendre en charge, de susciter des élans de créativité durable, de pousser progressivement sur le travail, de simplifier les démarches administratives, d’encourager nos jeunes à aller voir ailleurs en dehors de l’île pour revenir ensuite avec l’envie de se mettre au service de leur pays ? Nous ne pouvons pas vivre repliés sur nous-mêmes, dans l’île et hors de l’île. De fait, nous sommes devenus citoyens du monde, être d’ici afin de pouvoir être d’ailleurs.

Qui que nous soyons, à la place qui est la nôtre, il s’agit de bâtir notre unique communauté de destin en nous rendant la vie possible, ici, au quotidien. Pour tous. Nous sommes tributaires de l’ensemble français, de l’Europe. Mais nous sommes au cœur de l’Indianocéanie et nous vivons ici. Préservons nos multiples appartenances et développons une juste fierté réunionnaise en développant notre conscience civique, notre conscience locale et régionale indianocéanienne. Engageons-nous dans la vie associative, en tissant des réseaux de solidarité, en prenant au sérieux la vie politique pour l’organisation du pays et la fonction politique pour sa noble mission d’écouter, de synthétiser, d’impulser, de servir la croissance humaine d’un ensemble social, culturel et économique. Ne rejetons pas sur les autres notre part de responsabilité. Aidons par nos propositions et nos actions ceux et celles qui ont la lourde charge de nos cités, de nos collectivités et du pays. Là où nous sommes. Alors, 2015 ?

Fraternité ! Quand la confiance est rompue, il faut la rétablir pour humaniser la société. Qu’elle soit une famille humaine et non pas une jungle de suspicion où l’homme devient un loup pour l’homme. S’accepter, retrouver confiance, redonner confiance. Ayons confiance en nous-mêmes Réunionnais et en tous ceux qui, à La Réunion, veulent vivre ici dans une même communauté de destin. L’intériorisation de nos relations et la prière nous seront une aide précieuse. Apprenons à maîtriser nos émotions, à laisser de côté la violence, la haine et les coups, à nous situer du point de vue de l’autre, des autres. Cessons de nous dénigrer, de nous déchirer pour des intérêts particuliers contraires en oubliant le bien commun, l’intérêt général. Que chacun de nous, dans l’Église et dans la société, s’interroge sur sa part de pouvoir et de responsabilité là où il vit. De la base au sommet, du sommet à la base. C’est parce que nous espérons le meilleur que nous nous souhaitons bonne année, que nous pouvons nous engager dans cette voie avec le meilleur de nous-mêmes, avec le meilleur des autres en eux-mêmes.

A chacun de vous, à tous ceux qui vous sont chers, à vous tous, jour après jour, Bonne Année 2015 !


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