Témoignage de sœur Marie Rufine des Filles de Marie dans le cadre de sa profession perpétuelle du 2 juin
Comme Mère Marie Madeleine de la Croix l’était en son temps, fondatrice des Filles de Marie (1810-1889) et dont la cause en béatification a été ouverte à Saint-Denis de La Réunion le 8 août 2021.
Sœur Marie Rufine est originaire de Maroantsetra, ville du nord-est de Madagascar, comme sœur Marie Faustine. Ville rattachée à la province de Tamatave et au diocèse de Fénérive-Est. Elle est la 3e d’une fratrie composée de 5 sœurs et 2 frères et grandit dans une famille chrétienne à la foi vivante. Cela imprègne son tout son être même si elle ne connaît pas « le moment exact où Dieu l’a jalousement attirée à Lui ». Le premier contact avec la vie religieuse se fait au travers d’une tante, religieuse au sein de la congrégation des sœurs de Saint Maurice implantée en Suisse et à Madagascar. Lors de ses séjours en vacances dans la famille, elle parle de ses voyages en Suisse, de sa communauté, de sa vie donnée au Seigneur. « C’est à partir de ses témoignages que le désir d’être religieuse s’est déposé au fond de mon cœur », raconte sœur Marie Rufine. Mais cela reste un secret, « je n’osais pas lui dire ». Trois fois, cette tante lui parle ainsi. Et son désir était toujours brûlant. « Il existe plein de congrégations différentes, c’est à toi de choisir ! », la pousse-t-elle.
Vers 14 ans, elle rejoint le mouvement d’éveil et discernement vocationnel avec le groupe de sa paroisse. C’est au cours des grandes vacances de juillet et août, période de repos en famille pour les religieux.ses, prêtres et séminaristes malgaches qu’elle entend parler des Filles de Marie. « Une sœur m’a expliqué l’histoire de la congrégation. J’ai été touchée par la vie de Mère Marie Madeleine de la Croix, toute donnée à Dieu auprès de « ceux que le monde rejette ». Moi aussi je voulais donner ma vie comme cette femme extraordinaire l’avait fait », partage sœur Marie Rufine.
« Ne te décourage pas ! »
Alors en Terminale, elle exprime à ses parents son désir de devenir religieuse. Ils lui demandent toutefois de continuer ses études. Son frère aîné est même envoyé comme émissaire auprès de la supérieure pour expliquer le motif de leur refus. Rufine est déçue mais la sœur l’encourage : « Ne te décourage pas ! Tu pourras nous rejoindre tous les week-end ». Une fois le Bac en poche, son père, enseignant de profession, insiste pour qu’elle poursuive à l’université. Alors, Rufine continue à étudier dans la section gestion. Elle interpelle toutefois ses parents : « Voulez-vous vraiment que je sois religieuse ? » et son père lui répond : « C’est bien que tu finisses cette année… et si c’est toujours ton désir, je ne peux pas t’en empêcher ».
À sa grande joie, la jeune femme démarre sa formation avec les Filles de Marie par un stage dans une école à Tananarive puis elle est admise comme pré-postulante à Tamatave. Elle devait poursuive à La Réunion mais des complications administratives retardent son arrivée. Elle retourne un an à l’école et fait un stage en bibliothèque avant d’obtenir le feu vert (le visa) qui l’amène à poser les pieds à La Réunion le 4 mai 2015. Elle rentre au noviciat tout en étant envoyée en mission à la maison de retraite de Saint-Pierre, puis à Hell-Bourg comme sacristine, et depuis le 12 février à La Chaloupe Saint-Leu dans la maison de retraite Notre-Dame de la Paix.
S’armer de prière
« Je suis heureuse de vivre cette étape des vœux perpétuels », exprime sœur Marie Rufine. Elle évoque aussi les épreuves qui traversent toute vie. « Il faut y passer comme Jésus a traversé la mort. Quand je doute, je prie davantage avec ces mots qui surgissent de mon cœur « Seigneur, éclaire-moi ! » », confie la religieuse. Avec les bonnes choses qui peuvent surgir dans une vie, le démon n’est souvent pas loin, reconnaît-elle. C’est pourquoi, il faut s’armer de la prière, « tous les jours, j’implore Dieu de protéger ma vocation et de me montrer le bon chemin ». Sentinelles sur le chemin, les sœurs aînées l’aident beaucoup, pas forcément par les paroles mais par la force de l’exemple. « Quand parfois, je suis tentée de ne pas prier - par fatigue ou paresse -, c’est leur attitude qui me pousse à malgré tout faire le pas. Que ce soit dans la vie religieuse ou la vie de couple, nous avons besoin de fidélité », fait-elle remarquer. L’important est de reconnaître sa faiblesse, de demander de l’aide dans la prière et aux autres.
« Mon souhait ? Continuez à prier pour moi, pour la congrégation des Filles de Marie, en particulier pour l’avancement de la cause en béatification de Mère Marie Magdeleine de la Croix, servante de Dieu. Je prie tous les jours pour cela, et pour toutes les sœurs là où elles se trouvent », assure sœur Marie Rufine.
E. T., Diocèse de La Réunion