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Gwenaëlle Vienne bientôt sœur Marie Cécile de la Trinité
Article mis en ligne le 11 août 2011
dernière modification le 16 août 2011

par Evelyne Gigan

Le jour de l’Assomption, Gwenaëlle Vienne, 26 ans, fera ses vœux temporaires chez les moniales dominicaines. Rencontre avec la future Sœur Marie Cécile de la Trinité.

[bleu]Lundi 15 août, vous ferez vos vœux temporaires dans l’Ordre des Prêcheurs, qu’est-ce qui vous a amenée à la vie religieuse ?[/bleu]

Je pense que cela remonte à l’enfance. Quand j’étais petite, je voulais être professeur de la Terre entière. J’avais vu la maîtresse prendre les enfants, un part un, sur ses genoux, parce que l’on pleurait tous et je me suis dit : « Quand je serai grande, je voudrais être la maîtresse de tous les enfants ». Et quand j’ai dit ça à ma mère, elle a ri de moi et puis elle m’a dit : « Mais non, on ne peut pas faire rentrer tous les enfants dans une classe, ce n’est pas possible ». Mais ce rêve-là, ce désir-là de prendre tout le monde dans mon cœur, c’est resté et ça m’a poursuivi.

Après j’ai voulu être professeur tout court. Et puis, c’est en voyant les jeunes souriants et plus particulièrement une jeune consacrée à un concile avec Marie Jeunesse en 2003 que je me suis dit : « Je veux être missionnaire, comme ça je serais un peu plus professeur de la Terre entière » À ce moment-là, j’ai eu la grâce de ma vocation, j’étais sûre que j’étais appelée à la vie consacrée.

[bleu]Quel a alors été votre parcours pour devenir moniale dominicaine ?[/bleu]

Au départ, je m’orientais plus vers une vie missionnaire. Je suis allée étudier au Canada avant d’entrer à Marie Jeunesse, je me disais : « De toute façon si ça me plaît toujours on verra ». Je me suis rendu compte que quand j’étais avec une personne, je n’étais pas avec tout le monde et que cela me chiffonnait. J’avais toujours ce désir qu’il y ait tout le monde dans mon cœur.

J’ai fait une année à l’école d’évangélisation de Marie Jeunesse au Canada. À la fin de l’année, le prêtre qui m’accompagnait alors m’a demandé si j’envisageais la vie consacrée à Marie Jeunesse, une voix en moi me disait non et ce même si j’y aimais beaucoup la vie communautaire et la spiritualité. Et ce qui en moi disait non, c’était que je songeais aussi à la vie monastique.

[bleu]Mais pourquoi est-ce que la vie contemplative vous attirait ?[/bleu]

J’avais lu l’« Histoire d’une âme » de la petite Thérèse, je l’aimais beaucoup et je voulais être comme elle et j’avais déjà fait un stage au carmel Notre-Dame du Grand large aux Avirons. Quand j’ai dit à mon accompagnateur que je sentais que je n’étais pas faite pour Marie Jeunesse, il m’a suggéré que j’étais peut-être destinée à la vie contemplative. J’ai été surprise, nous en avions jamais parlé. Mais je ne voulais pas retourner dans mon île et je ne me voyais pas non plus devenir carmélite. C’est donc ce prêtre québécois qui m’a alors parlé des moniales dominicaines à La Réunion. Je ne les connaissais absolument pas et pour ce qui est de saint Dominique, j’en avais entendu vaguement parler.

[bleu]Vous alliez donc devoir retourner à La Réunion, quel était votre sentiment alors ?[/bleu]

C’était le déchirement total pour moi de partir. Retourner à La Réunion, ce n’était pas dans mes idées, dans mes projets et dans mes désirs. Et puis je ne les connaissais pas ces moniales et pourtant, je ressentais une grande paix en moi. Lorsque je suis allée voir sur internet qui elles étaient, ça m’a donné envie de mieux les connaître.

[bleu]Qu’est-ce qui vous plaît dans la spiritualité dominicaine ?[/bleu]

C’est vraiment le cri de Dominique : « Mon Dieu, ma miséricorde, que vont devenir les pécheurs ? » . Parce que Dominique prenait vraiment le monde dans son cœur, c’est sa prière qui me rejoint le plus. Et puis son ouverture : chez saint Dominique, il y a beaucoup de joie, beaucoup d’ouverture et beaucoup de vérité. La devise de l’Ordre, « Veritas », me touche particulièrement. J’ai soif de vérité pour moi-même et pour la donner aux autres par ma vie de moniale.

Le caractère apostolique de cet ordre m’a aussi attirée : nous sommes des prêcheurs et les moniales, Dominique, les a voulues pour prier pour que la Parole soit semée partout. Ma soif de prendre le monde dans mon cœur est rejointe et je sais que je donne ma vie pour mes frères et soeurs qui vont prêcher. Ce n’est pas pour être seule et tranquille avec Dieu, c’est vraiment élargi sur le monde.

[bleu]Quand vous avez annoncé à vos proches que vous vouliez devenir religieuse, quelles ont été leurs réactions ?[/bleu]

Je ne suis pas née dans une famille catholique pratiquante, ma mère par exemple, elle est contente, mais en même temps, du fait que je sois cloîtrée, c’est difficile pour elle de ne pas pouvoir me toucher. Mais en même temps, elle me sait heureuse. Je crois que mes proches me voient heureuse et ça leur parle et ce, même s’ils n’ont pas la foi.

Pour ma profession temporaire, j’ai invité des personnes que je sais athées et qui sont un peu révoltées contre l’Église, mais quand je les ai invitées, j’ai eu un oui tout de suite. Je vois que les gens sont touchés de l’engagement que je prends, même s’ils ne comprennent pas pourquoi une jeune fille veut entrer dans une vie cloîtrée... mais ils perçoivent qu’il y a une joie profonde.

[bleu]Vous allez recevoir le nom de Marie Cécile de la Trinité, comment s’est fait le choix de ce nom ?[/bleu]

Déjà je suis musicienne, sainte Cécile est la patronne des musciennes. Mais c’est entendant une homélie du frère Arnaud Blunat (dominicain lui-même) alors que j’étais encore postulante que je me suis décidée pour Cécile. Il disait que cette sainte n’entendait plus les mélodies de la Terre et qu’elle n’entendait que les mélodies du ciel et que c’était ça qui l’attirait. Ça m’avait beaucoup touchée et je me suis dit que peut-être je m’appellerais ainsi.

Et pour ce qui est de « la Trinité », c’est inspiré d’Elisabeth de la Trinité que j’aime beaucoup. Elle a beaucoup axé sa recherche de Dieu sur le fait que Dieu habite en elle. Cela m’a touchée parce que dans mon chemin, j’ai compris que Jésus habitait en moi et que je pouvais continuer sa vie en moi. Et puis il y a la Trinité elle-même, les trois dont Elisabeth était très amoureuse et justement c’est cette communion que je recherche aussi, parce que dans la Trinité, il y a tout, il y a le monde entier, tout ce que Dieu a créé et toujours dans un mystère d’amour et c’est jamais tout seul.

Je veux être musicienne, je veux continuer, mais je ne veux pas chanter pour moi toute seule, je veux que ce soit pour Dieu et pour le monde entier, il y a cette idée d’immensité.

[bleu]Mais justement, la musique, ça va continuer une fois que vous serez moniale ?[/bleu]

Elle est loin d’être finie depuis que je suis rentrée ici, je fais des concerts tout le temps, puisque je dois jouer à toutes les messes, on ne me laisse pas de répit et c’est ma joie aussi de faire fructifier le talent que Dieu m’a donné. Je me mets même à composer des petits chants pour la joie des sœurs.

La communauté m’a beaucoup fait confiance du côté de la musique, les sœurs m’ont poussée et moi même j’ai été surprise de ce que j’étais capable de faire. Chanter, toute seule et même à deux, c’était pour moi la panique totale, maintenant je sais le faire. Les moniales dominicaines m’ont fait confiance et j’ai compris que je n’avais d’autre choix que de me faire confiance.

[bleu]Comment vivez-vous la musique ?[/bleu]

Pour moi, c’est une manière de rejoindre le monde, je sais que ma musique fait prier les gens et ça, ça me fait vivre. Le plus beau compliment, et je l’ai reçu souvent, c’est quand on me dit que ma musique aide à prier. Avant même de savoir dire le Notre Père, quand ça n’allait pas bien, j’allais sur mon piano et je fredonnais. Je n’avais pas les mots pour parler à Dieu, mais je savais qu’il comprenait ce que je voulais dire. Quand je ne sais pas quoi dire, je fais de la musique et je sais que Dieu me comprend.

[bleu]Pour vous, la musique c’est donc une prière ?[/bleu]

Ce n’est qu’une prière. Ça l’a toujours été. J’ai jamais joué sans que ce soit pour Dieu ou pour les gens. Et quand je joue pour quelqu’un, c’est toujours pour l’emmener à quelque chose de beau et le beau, c’est Dieu.


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