Face à la crise, un plaidoyer pour le « convivialisme »
Article mis en ligne le 23 juin 2013
dernière modification le 20 juin 2013

par Séverine Gourville

A l’initiative du sociologue Alain Caillé, 64 intellectuels ont réalisé ensemble un « Manifeste convivialiste ». Issus de l’altermondialisme, de l’écologie et du christianisme social, ces chercheurs proposent un nouveau fonds doctrinal philosophique afin de répondre aux quatre grandes crises morale, politique, économique et écologique actuelles.

Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire « La Vie », Alain Caillé explique la naissance du concept de convivialisme. Cette réflexion est menée face au constat alarmant de « dynamiques mortifères » où se posent même « la question de la survie physique et morale de l’humanité. » A partir des travaux de Marcel Mauss, le groupe de chercheurs ont planché ensemble sur un enjeu crucial : « comment vivre ensemble en s’opposant sans se massacrer ? »

Alain Caillé justifie les travaux des chercheurs qui ont produits le « manifeste convivialiste » en présentant les limites du système de pensée actuel. « Le libéralisme et le socialisme, avec leur dérivés qui sont l’anarchisme et le communisme (…) ne sont plus à la hauteur des problèmes actuels. Car toutes les quatre reposaient sur une vision erronée de l’homme, vu comme un « homo economicus ». Les quatre doctrines avaient, en effet, en commun l’idée que le problème principal de l’humanité c’était le manque de moyens pour satisfaire les besoins matériels. Que l’ homme est un être de besoins mu par la rareté et que, donc, la solution première, c’est la croissance. Or, cette vision anthropologique est fausse – les hommes ne sont pas des êtres de besoins mais de désirs - et la solution proposée est devenue introuvable, voire dangereuse : la croissance régulière, permanente du PIB ne peut plus être une solution » analyse le sociologue.

La réflexion autour du convivialisme propose notamment un éclairage sur ce qui représente pour Alain Caillé la crise la plus grave : la crise morale. Le penseur postule la nécessité d’hommes et d’institutions crédibles pour une démocratie durable dont le préalable est lui-même « un fonds éthique durable (…) condition pour que les hommes et les femmes politiques ne basculent pas dans l’hubris, la démesure ».

Synthétisant la finalité qui sous-tend l’élaboration commune de cet ouvrage, Alain Caillé insiste : «  Et si l’on veut mettre au cœur du projet la lutte contre la démesure et la corruption, cela implique également deux autres mesures simples à comprendre, mais plus difficile à réaliser : un revenu minimum et un revenu maximum. Pour nous est illégitime aussi bien l’extrême misère, que l’extrême richesse. Car le manifeste convivialiste s’ancre dans une forte volonté de justice sociale ».

Ce livre d’une quarantaine de page est paru aux éditions Bords de l’Eau (au prix de 5 euros). Les lecteurs soutenant le convivialisme peuvent également apporter leur contribution sur le site internet http://lesconvivialistes.fr


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