Avec le Cevif, vous faites de la prévention auprès des familles, quelles sont les difficultés qu’elles rencontrent dans l’éducation de leurs enfants ?

Chaque famille a ses propres problèmes, certains adolescents rejettent leurs parents, d’autres se sentent incompris... Il y a de tout. Mais aujourd’hui, les parents se sentent démunis. Ils ont l’impression de ne plus avoir les capacités nécessaires pour répondre aux besoins de leurs enfants. Et ça, c’est très grave, parce que les parents peuvent tout apporter à leurs enfants.

Qu’est-ce qui est essentiel dans l’éducation d’un enfant ?

L’essentiel, c’est l’amour. Il conditionne un peu tout. Quand on aime ses enfants, on souhaite qu’ils soient heureux, qu’ils réussissent. On souhaite qu’ils aient un avenir agréable et tout ce qu’il faut. Les parents ont cette chose indiscutable, qui est l’amour, mais maintenant ils ne savent pratiquement plus quoi en faire.

Mais alors pourquoi les parents se sentent-ils dépassés ?

Ils ont souvent l’impression qu’ils n’ont plus le droit de faire un certain nombre de choses. Ils pensent qu’ils n’ont plus le droit d’interdire ou encore de punir. Or, une éducation ne peut pas se faire sans sanction. L’éducation, c’est l’apprentissage. Les enfants ont beaucoup à apprendre et les parents doivent les aider dans ce sens.

Donc si ces parents sont dépassés, c’est parce qu’ils ont oublié de poser des limites ?

Ils savent qu’il faut poser des limites, mais ils ne savent pas comment s’y prendre. Quelquefois, les parents ont besoin d’aide, de personnes d’expérience qui peuvent leur donner un avis sur la situation dans laquelle ils se trouvent. Bien évidemment, il faut faire en fonction de l’enfant. On ne peut pas tous les traiter de la même manière. Être parent, ce n’est pas un métier facile.

Aucune école n’enseigne ce métier, alors vers qui se tourner ?

Quand on a reçu beaucoup de ses parents, on peut mieux transmettre. Aujourd’hui, il y a des coupures dans la transmission et le danger est là. Pourtant, beaucoup d’associations peuvent aider à colmater ces brèches. Elles peuvent discuter avec les parents de leurs difficultés et les aider à trouver des solutions pour s’en sortir. Cependant, elles ne peuvent pas décider à leur place et c’est au parent de savoir ce qu’il veut transmettre à ses enfants.

Demander conseil, c’est montrer sa faiblesse. Il y a peut-être des livres qui peuvent aider à colmater ces brèches ?

Absolument, il y a beaucoup de livres sur l’éducation, mais comme on ne lit plus beaucoup de nos jours, il ne faut pas hésiter à aller vers les autres. Faire appel à d’autres parents, ce n’est pas une honte, c’est du courage. Ces parents-là font preuve de responsabilité, de citoyenneté et surtout d’amour pour leurs enfants.