Billet de (très) mauvaise humeur
Article mis en ligne le 3 août 2010

par Laura Bassetti

Le gouvernement français est en train de briser mon cœur de citoyenne (entre autres choses). Jusqu’à récemment, je pensais vivre dans le pays des Droits de l’Homme.

« Liberté, égalité, fraternité » était sa magnifique devise.

Ce beau pays, précurseur de la Sécurité Sociale et de la retraite à 60 ans, semblait riche d’humanité, à défaut de faire crever les plafonds du PIB.

Seulement voilà : depuis quelque temps, la chasse à « l’envahisseur qui nous fait très peur » est en vogue.

Contre « ça » la monarchie présidentielle a trouvé un remède infaillible : le populisme, ou comment appuyer là où ça fait mal vis à vis des citoyens de la France d’en bas, pardon, de la France du sous-sol.

Hier, j’ai entendu Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, annoncer paisiblement : « Les citoyens sont choqués, à juste titre, de voir les gens du voyage circuler dans de grosses cylindrées ».

D’abord, il n’a pas à parler au nom de tous. Ensuite, le gouvernement a une fâcheuse tendance à appuyer ses discours par rapport aux faits-divers : le jeune Luigi, 22 ans à peine, est mort après une course-poursuite avec les gendarmes. Ce drame a entraîné des violences dans la cité. Ce n’est, hélas, pas la première fois que cela arrive. Mais voilà : Luigi était « un des leurs » un gars du voyage, et les siens ont riposté.

Pendant que les Français sont sous le coup de l’émotion, sous influence, on leur transmet sournoisement des messages implicites : « ils » ont fait entrer la peur et la violence « chez nous », « ils » roulent avec de grosses voitures bien rutilantes, alors que vous avez une vieille ferraille pourrie, « ils » se tournent les pouces et ont plein d’argent alors que vous... vous trimez honnêtement matin et soir pour un salaire de misère...

D’ailleurs, je me demande en quoi roule Brice Hortefeux ? Mais ne faisons pas de mauvais esprit ici.

Quand notre Président, Nicolas Sarkozy annonce, l’œil tranchant, que les délinquants seront déchus de leur nationalité française, on se pose des questions : veut-il dire par-là que tous les délinquants sont des étrangers ? Que si nous étions délinquant et de surcroît de nationalité étrangère ou double, c’est grillé pour nous ? Et si nous sommes des délinquants français, est-ce qu’on nous enlève tout de même notre nationalité ? Auquel cas, est-ce qu’on nous en donne une toute neuve ?

Au fait, Sarkozy, c’est pas un nom hongrois ?

Bref.

Brice Hortefeux en rajoute une couche dans cette histoire de déchéance (je parle de la nationalité française) en précisant que les coupables d’excision et les responsables de trafic d’êtres humains seront également « décitoyennisés ». Si on est un bon Français, pas de panique : on peut commettre des assassinats ou des viols, on gardera sa nationalité.

Tiens, ce n’est pas Nicolas Sarkozy qui a dit que la nationalité française se méritait ? À quand un diplôme, à renouveler tous les cinq ans comme son passeport ? Avec une photo pour bien discerner la couleur de peau ? Mais attention, pas une photo en noir et blanc, mais une en couleur, de la nuance ! Le tout bien sûr sans sourire, sans fermer les yeux ni ouvrir la bouche, sans respirer.

Et je ne parle pas des parents qui risquent jusqu’à deux ans d’emprisonnement s’ils ont des mineurs délinquants qu’ils ne parviennent pas à gérer. Il faut croire que selon le gouvernement, avoir ses parents en prison est un bon début de réinsertion pour un mineur délinquant.

En tout cas, je dirais que le pouvoir actuel est en train de créer une justice à plusieurs vitesses selon les critères suivants : Français, Français pas tout à fait Français ou si peu, étranger. Tous à nos arbres généalogiques !

« Liberté, égalité fraternité » ? Nous sommes libres de penser... mais dans nos têtes de préférence. Libre d’être ce que nous sommes... mais sans trop le montrer.

Nous sommes de plus en plus inégaux et l’heure est à la division. Quel vilain mot que la division. Déjà à l’école primaire, elle me faisait trembler ! Après, j’ai compris qu’il y avait bien pire que la division purement mathématique : celle des peuples et des êtres humains. Heureusement, beaucoup d’entre nous ont encore des valeurs à défendre, qu’elles soient chrétiennes ou issues d’autres religions : valeurs d’humanité, de respect et de fraternité.

Partageons et ne laissons pas la peur et l’ignorance nous éloigner les uns des autres !

Comme l’a dit Marine Lepen, Nicolas Sarkozy chante en play-back la partition du Front national, et pour une fois, je suis d’accord avec elle.


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