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Arast : oser croire que le meilleur peut arriver
Article mis en ligne le 30 décembre 2011

par Françoise Adam de Villiers

Vendredi soir, vers 18 heures, une trentaine de personnes se sont retrouvées rue de la Source à Saint-Denis, devant les bâtiments du conseil général, là où une dizaine d’anciens salariés de l’Arast « campent » depuis le 30 novembre. Quelques planches, quelques fauteuils de toile et tabourets pressés sur une étroite bande de terre et d’herbe rare, entre les grilles du conseil général et la rue. Une toile de plastique bleue au-dessus de la tête. Aux filins qui retiennent le « toit », sont accrochés des ballons, un peu pâlis par le soleil. Beaucoup de ceux qui empruntent cette rue, et ils sont nombreux, klaxonnent, agitent la main... Faux airs de fête.

Sous la tente, il y a des sourires, de grands rires fragiles qui vous accueillent comme à la maison. Mais aussi des visages un peu défaits. Des traits qui accusent la fatigue. Des regards qui se voilent. Une totale impuissance et beaucoup de pudeur.

Qu’est-ce qui les avait amenés là, ces trente visiteurs ? Chacun(e) seul(e) pourrait répondre. Ils avaient au moins en commun un même sentiment de gâchis, d’écœurement devant ce bras de fer qui n’en finit pas. L’envie de dire aux occupants du « camp » à quel point leur situation ne laisse pas indifférent. Peut-être aussi le sentiment que l’absence totale de parole, de relation humaine digne de ce nom entre les uns et les autres, est une tache sur la belle idée qu’ils se font de La Réunion : un pays où l’on est capable de régler les problèmes dignement, en parlant, en négociant. Pas en s’ignorant. Pas en enfermant l’autre dans la violence de la non-parole, du pourrissement... et en s’y enfermant soi-même de fait.

Ce vendredi, de 18 heures à la tombée de la nuit, il y a eu du dialogue entre les visiteurs et ceux du campement, dans cette proximité qui se crée lorsqu’on « laisse le cœur causer ». Il y a eu du silence, autour de lumières posées à même le sol, comme autant de flammes d’espérance. Il y a eu la lecture de l’Appel à la fraternité :

« Nou lé capab bien viv’ ensemb en frère,

Nou sobat’ pou la zistis ek la solidarité

Nou donn’ la main pou not’ destin

Nou marche ensemb pou not demain ».

Et au-delà de la situation que vivent ces anciens salariés de l’Arast, c’est finalement toute la détresse de notre société que l’on portait là, et le désir si fort en chacun de voir le meilleur arriver. Encore faut-il oser y croire...

Les visiteurs sont repartis en disant : « Nu artrouve ». Ils seront là samedi, toujours de 18 heures à la tombée de la nuit. Et dimanche si le faut. Et lundi, mardi... aussi longtemps que nécessaire, jusqu’à ce que la crise soit dénouée. Et en souhaitant que ce moment-là vienne vite, très vite. Pour le bien de tous, et pour ne pas étouffer de honte.

[bleu]Toutes celles et tous ceux qui le souhaitent sont invités à se rendre aussi rue de la Source à partir de 18 heures.[/bleu]


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