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Abdi Riber des à4 : le gospel dans l’âme
Article mis en ligne le 14 avril 2010

par Evelyne Gigan

À partir du jeudi 15 avril, le groupe de gospel à4 donnera dix concerts dans l’île. Rencontre avec Abdi Riber, le baryton de ce quatuor.

Toutes les dates du groupe à4 sont prévues dans des églises ?

Nous chantons du gospel, mot qui veut dire « évangile ». Ce sont donc des chants religieux que nous interprétons. L’église, c’est la source du gospel, c’est là où le gospel a pris son envol. Et puis, quand on chante dans les églises, ça nous rapproche du Seigneur.

Le gospel est une musique aux origines américaines, qu’est-ce qui vous a amené à cette musique ?

Nous avons des parcours différents tous les quatre. Moi, j’ai appris à chanter dans la manécanterie (un chœur de garçons) des Petits chanteurs à la croix de bois. Depuis l’âge de 8 ans, j’ai été formé aux chants profanes, mais aussi aux chants religieux. Et le gospel, c’était un peu la suite logique de ma formation musicale.

Comme vous le disiez gospel signifie « Parole de Dieu », « évangile », mais avec vos mots, comment qualifiez-vous cette musique ?

C’est l’énergie, la vibration, le partage.

Dans le groupe à4, certains jouent d’un instrument, alors pourquoi avez-vous choisi de chanter a cappella ?

Le a cappella, c’est vraiment un style à part entière. On résonne avec le chant comme un instrument. La voix, on l’utilise avec toute sa particularité, ses spécificités pour en faire un instrument rythmique, harmonique, mélodique. Avec une voix, on peut couvrir toutes les palettes d’un orchestre. C’est un travail particulier et c’est notre raison d’être ensemble.

Le gospel peut se marier à des instruments de musique quand même...

Tout à fait. On peut faire du gospel à toutes les sauces. On peut le faire de façon rythm’n blues, rock, reggae et aussi a cappella.

Pourquoi le a cappella vous a plus parlé alors ?

Le chant, c’est le premier des instruments. Il peut se suffire à lui-même quand il est bien interprété. On n’a pas besoin d’instruments. On peut jouer d’un instrument parce qu’on a envie, parce qu’on les maîtrise, mais si on fait le choix du a cappella, on peut tout à fait faire un spectacle cohérent avec du mouvement et équilibré.

Le gospel peut-il aussi se rattacher au profane ?

Le gospel est un chant religieux, mais on peut aussi interpréter un style gospel, avec une façon d’interpréter les chants, une façon de placer sa voix, c’est un style qui peut évoluer vers d’autres thèmes et beaucoup de chanteurs de R’n’B se sont formés sur les bancs des églises et ont gardé ce style de chant, je pense notamment à Beyonce ou d’autres chanteurs pop américains.

Et pour à4, c’est surtout du religieux ?

C’est essentiellement du religieux, mais on a dans notre répertoire d’autres chants qui ne le sont pas comme l’Hallelujah de Leonard Cohen... Nous ce qu’on essaie de faire c’est partir du gospel et de saupoudrer notre répertoire de quelques chants jazz, reggae... pour montrer qu’on peut faire plein d’autres choses.

Vous faites beaucoup de reprises, mais vous avez aussi des compositions ?

Actuellement, ce sont essentiellement des reprises. La création vient de l’arrangement. On prend chaque chant et on voit comment on peut l’équilibrer à quatre voix. On travaille sur des compositions, mais ça viendra pour le prochain album.

Ce sera en anglais ou en français ?

Ce sera dans les langues. Actuellement notre répertoire est surtout anglais, mais on va petit à petit évoluer vers un répertoire français, au moins pour un tiers des chants, j’espère.

Vous avez déjà commencé à écrire ?

On écrit tout le temps, parfois on garde, parfois on ne garde pas. Parfois on nous dit que c’est bien une semaine et puis, deux semaines après, on trouve cela moins bien. L’écriture, c’est quelque chose qui est permanent.

Et est-ce qu’il y a une règle pour écrire du gospel ?

Non, après il n’y a aucune règle pour écrire la musique que l’on interprète. La particularité de l’écriture, c’est qu’il faut vivre les choses. On peut interpréter les choses, même si on ne les vit pas. L’écriture, c’est différent, il faut vivre les choses pour les écrire. Donc écrire le gospel, c’est vivre le gospel, tout simplement.

Sur quoi écrivez-vous ?

On vit sur ce qu’on vit et sur ce qu’on écoute. Moi, j’écoute beaucoup de reggae, de musique classique et de musique pop. Après l’écriture, c’est un moment à part qu’on prend dans la journée. On s’isole, on se met sur le piano et puis, c’est parti.

Quels sont les thèmes qui reviennent le plus souvent ?

Il n’y en a pas. On ne veut pas se donner de limites. Dès qu’on veut parler de quelque chose, on essaie de le mettre en musique. Après, du fait d’être chanteur chrétien, j’essaie d’écrire des choses qui peuvent être écoutées et entendues par tout le monde qu’on soit chrétien ou pas, croyant ou pas, je ne veux ni choquer, ni blesser. Mais on peut être surpris, c’est même intéressant de suprendre les jeunes.

Quel message faites-vous passer ?

C’est un message du XXIe siècle. C’est-à-dire qu’on a tous des passés différents, des cultures différentes, des vies différentes, mais on est là pour vivre ensemble.

Vous vous dites chanteur chrétien, est-ce que vous pensez que la musique peut apporter quelque chose à la foi ?

La musique a toujours eu un rôle important pour la transmission du message. Le gospel est très caractéristique parce qu’il est né dans les chants d’esclaves et que c’était le seul moyen qu’avaient les esclaves de sortir de leur quotidien et c’est leur premier acte de foi ça. Et la musique, ça permet de transmettre tout type d’émotions et bien sûr la foi en premier lieu.

Est-ce que vous cherchez à évangéliser ?

On cherche à témoigner. C’est un petit peu différent. Évangéliser, c’est essayer de convaincre. Témoigner, c’est être. Ça reflète le rôle que peut avoir les artistes du XXIe siècle qui sont dans une société dite laïque, où il y a peu de place pour l’évangélisation. Évangéliser, c’est intéressant et important, mais quand on veut le faire, on est confiné à un milieu déjà évangélisé et on prêche les convaincus. Donc nous notre position, c’est plus de témoigner de notre situation de jeunes croyants partout et pour ça, il faut qu’on soit témoin.

Et donc vous ne jouez pas seulement dans des églises ?

Non, on joue 70% des concerts dans les églises et 30% dans les salles ou dans des festivals.

Mais au niveau acoustique les églises ne sont-elles pas mieux ?

On pourrait imaginer que plus ça résonne, mieux c’est. C’est tout le contraire. L’église est surtout mieux du point de vue des émotions, des vibrations et de la direction du message.

Le groupe à4 a quinze ans de carrière, il tourne aussi bien aux Etats-Unis, en Pologne, en Suède, qu’est-ce qui fait que ça marche ?

Le travail, l’assiduité, la passion et la foi.

Le groupe à4 n’en est pas à sa première tournée à La Réunion, qu’est-ce qui fait que vous êtes revenus ?

Il y a la relation particulière entre le groupe et le père Jean-Marie Vincent qui a vu naître le groupe. Il l’a toujours soutenu dans les bons moments comme dans les moins bons. En 2005, quand à4 a eu l’idée de venir à La Réunion, c’était un projet fou parce qu’on n’était pas connus. Venir comme ça à 10 000 kilomètres, chanter dans les églises, c’était un pari limite insensé. Tout producteur près de ses sous aurait dit « surtout pas ». Mais ça c’est bien passé. On a eu un accueil chaleureux avec des rencontres et des échanges. Je n’y étais pas à ce moment-là, mais j’ai beaucoup entendu parler de ce voyage à La Réunion. Ça s’est bien passé pour l’équipe, on avait dit qu’on reviendrait et nous voilà pour nos quinze ans.

Retrouvez ici toutes les dates de la tournée du groupe àA

(crédit photo pour la photo de scène : © 2009 Edustries / à4 production)


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