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Film et spiritualité : « Le promeneur du Champ de Mars » à Saint-Denis
Article mis en ligne le 31 mai 2011

par La Rédaction d’Église à La Réunion

Dans le cadre des soirées « Film et spiritualité », le Centre Saint-Ignace propose le dimanche 19 juin de 17h30 à 19h30, salle Jean de Puybaudet, le film Le promeneur du Champ de Mars. La diffusion sera suivie d’un débat.

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Le promeneur du Champ de Mars[/bleu]

Film de Robert Guédiguian, France, 2004, avec Michel Bouquet, Jalil Lespert.

L’histoire d’une fin de règne et d’une fin de vie : celle de François Mitterrand. Alors que le Président livre les derniers combats face à la maladie, un jeune journaliste passionné, Antoine Moreau, tente de lui arracher des leçons universelles sur la politique et l’histoire, l’amour et la littérature… Le Promeneur du Champ de Mars, est une fiction librement adaptée du livre de Georges-Marc Benamou, Le Dernier Mitterrand (1997), chronique intimiste des derniers mois de l’ancien Président de la République.

L’interprétation de Michel Bouquet est magnifique : sa silhouette et son visage, coiffé d’un béret ou d’un chapeau noir, le font ressembler – à s’y méprendre parfois – à l’ancien chef de l’État. Alternant, avec grâce, l’humour, la perfidie et la gravité, Bouquet parvient à rendre son personnage à la fois étonnamment familier et entièrement mystérieux, souvent attachant, parfois détestable... Lorsqu’il survole en hélicoptère la cathédrale de Chartres, on le voit citer Charles Péguy avec un mélange d’humour et de respect (« Ainsi nous naviguons vers notre cathédrale... ») ou plus tard Léon Bloy (« Il n’y a qu’une tristesse, c’est de n’être pas des saints »), avant de qualifier cet écrivain de « visionnaire un peu aveugle »… Comme le journaliste qui l’interroge, le spectateur ne sait pas trop sur quel pied danser devant cet homme cultivé au point d’en être pédant, qui prétend avec véhémence être entré dans la Résistance dès 1942 et ne cache pas son faible pour un autre écrivain, Jacques Chardonne, qu’il sait réactionnaire... Devant cet homme rongé par la maladie qui s’intéresse aux conquêtes d’Antoine et confie ses préférences féminines, avant de placer le jeune journaliste sur écoute et de le faire suivre dans ses moindres déplacements...

Mais Le Promeneur du Champ de Mars prend ensuite toute sa profondeur lorsqu’il devient surtout – ce qui est rare dans le cinéma français contemporain – un film sur la politique elle-même, sur le pouvoir et ceux qui l’exercent. Sous les lambris de l’Élysée ou à l’occasion des derniers déplacements présidentiels en province, le film dessine alors, avec une brutalité feutrée, cette obsession mitterrandienne de finir ce second septennat et surtout de peser encore une fois sur le cours des choses (l’élection présidentielle de 1995), de laisser une trace indélébile, une image louable.

Robert Guédiguian, homme profondément de gauche (de tradition communiste), relève avec élégance un pari plus que risqué et filme ici une désillusion, celle de 1981, et le vide politique qu’elle a en partie créé. Mais le cinéaste parvient aussi à dépasser le personnage même de François Mitterrand (comme l’avait fait Raymond Depardon avec son portrait de Valéry Giscard d’Estaing en 1974) et à offrir, sans manichéisme aucun, le portrait fasciné et palpitant d’un homme de pouvoir. Trente ans après l’arrivée de la Gauche au pouvoir et à un an d’une nouvelle échéance présidentielle, cette rencontre exceptionnelle entre un acteur et son personnage s’avère fort stimulante pour nourrir la réflexion sur la politique dans le contexte français.


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