« Ce débat se télescope avec l’autre par le plus grand des hasards. » Grand maître de la Grande loge de France, Alain-Noël Dubart a tenu à repréciser d’emblée le cadre du colloque dont il a eu l’idée il y a un an et à prendre ses distance avec le débat de l’UMP qui s’est tenu le même jour. Ici, plus que la place de l’Islam dans la République, c’est « not » vivre ensemble qui a été au cœur des interventions des universitaires, journalistes, membres de la société civile et autres dignitaires religieux.
Dans leurs incontournables allocutions d’ouverture, les élus réunionnais – Nassimah Dindar, la présidente du conseil général, et les représentants de la mairie de Saint-Pierre et de la Région – ont rappelé leur attachement au principe de la laïcité et souligné que La Réunion prouve que l’union est possible dans la diversité. Un vivre ensemble que le GDIR aimerait, pourquoi pas, montrer en exemple à la France.
Toutefois, au cours des exposés qui ont rythmé les trois tables rondes de la journée, il a été démontré que le tableau du vivre ensemble n’est pas ou n’a pas toujours été idyllique et que, surtout, ce vivre ensemble réunionnais est le fruit de spécificités historiques qui le rendent probablement inexportable.
La première table ronde, « Laïcité et espaces publics », a permis de fixer le cadre légal de la laïcité et d’en rappeler les grands fondements. Une fois le cadre légal fixé, la deuxième table ronde (« Créolité, trait d’union de la laïcité ») a mis en lumière une évidence : la laïcité est une loi, mais c’est aussi une valeur. Une valeur assez floue, dont tout le monde n’a pas la même définition, comme l’ont prouvé quelques réactions passionnées dans la salle. Si tous semblaient convaincus des vertus et du sens de la laïcité, les avis et les visions exprimés étaient bien différents. La troisième et dernière table ronde, « Croyances et vivre ensemble », a été l’occasion pour les dignitaires religieux réunionnais, dont Mgr Aubry, de montrer l’adhésion et les contributions des communautés religieuses à la laïcité réunionnaise.
Beaucoup, intervants comme spectateurs, ont enfin insisté sur les dangers qui guettent le vivre ensemble réunionnais (consommation, mondialisation, individualisme, communautarisme...) et sur la vigilance dont il va falloir faire preuve pour maintenir sa vigueur et sa réalité. Un des intervenants allant même jusqu’à dire que « le responsable administratif, l’Etat, va devoir allonger encore la foulée pour parvenir à une réelle égalité de tous et à une créolité pleinement épanouie ».
Ci-dessous : l’intervention de Mgr Gilbert Aubry lors du colloque.