Message de carême de Mgr Gilbert Aubry
Article mis en ligne le 8 mars 2011

par Mgr Gilbert Aubry

[bleu]Pâques : Christ ressuscité

résurrection pour nos familles ![/bleu]

Avec le mercredi des cendres, nous entrons dans le carême, le regard tourné vers la fête de Pâques. D’année en année, de fête de Pâques en fête de Pâques, dans une Pentecôte continuée, l’Eglise annonce la résurrection à venir pour chaque personne, pour chaque famille, pour tous les peuples, pour toute l’Humanité. Et un jour vraiment, d’une manière mystérieuse, ce sera le retour glorieux du Christ et l’avènement des cieux nouveaux et de la terre nouvelle. Nous ne radotons pas. C’est la foi de l’Eglise qui, depuis deux mille ans, nourrit l’espérance des marcheurs d’éternité. Nous sommes en exode. Nous marchons à travers le désert. Nous aurions peut-être envie de nous arrêter. Il nous faut toujours marcher. La terre est notre route. Le ciel est notre patrie. La vie quotidienne est notre pèlerinage. Le Christ ressuscité est notre vie.

Suivons le guide ! Gardons les yeux fixés sur ce « Fils bien aimé » du Père. Il s’est fait l’un de nous pour nous montrer comment vaincre le Mal par le jeûne, la prière et la fidélité à la mission de révéler Dieu avec un visage humain et des gestes fraternels. Le Tentateur qui connaît les Ecritures cherche à les utiliser pour manipuler Jésus, le flatter et le faire sortir de sa mission en mettant en avant sa capacité de faire des miracles. Jésus connaît alors la tentation
de faire des miracles dans son intérêt,
de mettre Dieu à son service par un coup d’éclat pour montrer qu’il vient du ciel et forcer l’adhésion de son peuple en le séduisant,
de céder au démon du pouvoir et de la gloire terrestre ; il refuse la force et le pouvoir des puissants de ce monde.

S’il n’avait pas connu la tentation, il n’aurait pas été pleinement comme nous dans la condition humaine. S’il avait succombé à la tentation, il n’aurait pas pu nous arracher au Mal en nous offrant sa victoire contre le Mal, le péché et la mort. Quitte à mourir injustement sur une croix pour qu’éclate ensuite la puissance d’Amour de Dieu dans la banalité de la vie quotidienne.

Quand nous regardons la relation du Christ à Dieu son Père et aux hommes ses frères, nous sommes aux antipodes de la construction de la tour de Babel. A Babel, les hommes veulent rivaliser avec Dieu. Ils éliminent Dieu et veulent lui imposer leur propre loi, leur puissance. Et quand l’harmonie voulue par Dieu n’est plus recherchée dans le respect des légitimes diversités, tout s’écroule et l’on se retourne les uns contre les autres. Les normes ne tiennent plus ou sont même inversées. Le mal, hélas, peut être présenté comme un bien, comme un progrès ! Les consciences sont alors tiraillées. Ou pire, elles sont chloroformées, formatées sur l’air du temps : on laisse filer !

Avec le Christ, Dieu vient se couler dans la chair humaine. Nous devenons les pierres vivantes du Temple de l’Esprit. L’inverse de la tour de Babel. A la suite de Jésus qui met ensemble les « dix commandements » et les Béatitudes, chaque personne est un trésor unique capable d’ouverture à Dieu, le Tout Autre, et à tous les autres. La personne devient capable de parole, de dialogue, d’entraide et de créativité responsable à la mesure des talents que Dieu lui demande de faire fructifier. Cela commence dans la famille avec l’amour d’un homme, d’une femme et de leurs enfants. Chaque famille est alors appelée, dans des situations diverses, à être une « famille d’amour » à l’image de « Dieu famille d’amour », Père, Fils et Esprit Saint. La miséricorde de Dieu est infinie, surtout lorsqu’il y a eu des échecs et que la souffrance est là.

Aujourd’hui, les familles sont malmenées. N’oublions pas qu’il y a la crise économique et le chômage. Cela irait bien mieux s’il en était autrement. Bien des jeunes se marieraient s’ils avaient les moyens de vivre et un toit indépendant pour abriter leur amour. Ne jetons la pierre à personne, mais que la crise économique ne serve pas d’alibi pour justifier l’injustifiable : manque de respect et de délicatesse les uns vis-à-vis des autres ; violences verbales, psychologiques et physiques ; amours parallèles qui conduisent finalement à l’infidélité totale, à la cassure des familles et parfois aux crimes. Quels messages véhiculent nos loisirs, nos spectacles et la plupart de nos films ? Quel avenir préparons-nous à nos enfants et à nos jeunes qui ont surtout besoin d’être aimés, de rencontrer des témoignages d’amour autour d’eux, de trouver un climat de confiance pour devenir progressivement responsables de leur vie et affronter les tempêtes de l’existence ?

Nous commençons notre marche de carême. Le Christ dit à chacun de nous et à nous tous « Relevez-vous et n’ayez pas peur ! » (Mt 17,7). En levant les yeux vers le Christ ressuscité, chacun de nous peut trouver en lui et en lui seul la source de la transfiguration des relations humanisées en Dieu Notre Père. Ne pensons pas que la vie de notre famille est trop moche. Ne disons pas que d’autres familles ne valent rien. Jésus n’attend qu’une chose c’est que chaque membre de chaque famille lui donne sa vie à boire. Comme il l’a demandé à Samaritaine : ’’Donne-moi à boire’’ (Jn 4,7).

Et alors il sera la résurrection de chaque famille parce qu’il sera la source jaillissante de l’Esprit pour la vie renouvelée de chaque famille. La vie familiale demande beaucoup de sacrifices aux parents et aux enfants pour être à l’écoute et au service les uns des autres dans une affection grandissante. Il n’y a pas d’amour sans sacrifice parce qu’il n’y a pas d’amour sans effort pour donner plus de prix à ce que vous avez de plus cher. Et qu’est-ce qui est le plus cher pour vous sinon votre amour, votre famille, la grande famille humaine qui nous rassemble jour après jour ? Pendant ce carême, payons de notre personne et de notre temps pour passer à une « vie autrement » avec Jésus ressuscité.


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