Né en Vendée en 1932, ordonné prêtre en 1955, Monseigneur Hubert Barbier est devenu évêque d’Annecy en 1984, avant d’être nommé archevêque de Bourges en 2000. A la retraite depuis 2007, il prêche des retraites à la demande des diocèses. Il est actuellement prédicateur de la retraite des prêtres du diocèse de La Réunion, aux Brises, à La Montagne. C’est là, dans la fraîcheur des hauts, qu’il a répondu à nos questions.

[bleu]Monseigneur, est-ce votre première visite à La Réunion ?[/bleu]

Non, je suis déjà venu en 2004, j’avais pu alors visiter l’île. Ce que je ne pourrai pas faire cette fois-ci, par manque de temps. Je ferai juste un saut à Mayotte, chez un membre de ma famille.

[bleu]Pourquoi les prêtres font-ils chaque année une retraite ?[/bleu]

Comme je leur ai déjà dit ce matin, les prêtres font un retour au calme dans une vie agitée. Cette retraite leur permet de se remettre devant leur vocation et surtout devant le Seigneur. Le prédicateur les aide à faire cette rencontre avec le Seigneur.

[bleu]Quel thème avez-vous choisi pour cette retraite ?[/bleu]

Le thème qui m’a paru intéressant est « Bénéficiaires et serviteurs de l’amour de Dieu, qui est l’espérance du monde ». Un thème de l’espérance à partir de la tendresse de Dieu.

[bleu]Vous avez pu assister à la rencontre annuelle du conseil diocésain de pastorale jeudi 13 janvier au collège Saint-Michel, à Saint-Denis. Qu’en avez-vous pensé ? Les problèmes familiaux de La Réunion offrent-ils des similitudes avec ceux de métropole ?[/bleu]

Si j’étais encore en charge dans un diocèse de métropole, je pense que je ferais venir les deux psychologue et psychiatre qui sont intervenus. J’ai trouvé extraordinaires leurs interventions. Au moins, celles de l’après-midi car j’étais absent le matin.

Au niveau des problèmes, je dis oui et non. Oui dans le sens où en métropole il y les mêmes problèmes de familles éclatées, et le rôle de l’homme et celui de la femme sont à repenser. Les femmes ont plus réfléchi sur leur rôle. Dans ce sens-là, on retrouve les mêmes questions.

Et puis, l’éducation des enfants dans ce contexte-là, comment on peut faire pour que les enfants deviennent eux-mêmes ?

Non, dans le sens de l’organisation familiale, basée sur l’autorité de la mère. Ici, je pense qu’il y a un type de famille et de constitution de famille avec plus de matriarcat. Je veux dire que c’est une autre manière de concevoir les choses.

Les insistances de Monsieur Evrin (l’intervenant psychiatre, ndlr) m’ont laissé penser qu’il y avait quelque chose d’un peu différent par rapport à la métropole, qui s’explique par le contexte local, sans doute.

[bleu]Bien qu’à la retraite, avez-vous encore des contacts avec des familles, qui vous parlent de leurs problèmes ?[/bleu]

Je rencontre des cas rien qu’au sein de ma famille. Nous sommes une famille nombreuse, nous sommes cent dix descendants de mes parents, sans compter les conjoints ! J’ai donc déjà là un beau panel et je connais un certain nombre de familles, oui.

Mais je trouve qu’ensemble, en France et dans les Dom, on est liés à la même chose, c’est à dire à se redire sur quelle base est la famille, sur quel sens de l’amour, et de l’amour puisé à l’image de Dieu. Pas seulement basé sur une attirance mais qui soit un don et un recevoir. Je crois qu’il y a beaucoup à reprendre dans ce domaine-là, avec les contre-valeurs qui font l’éclatement.

[bleu]Dernière question : Monseigneur, que fait un évêque à la retraite ?[/bleu]

Un évêque à la retraite choisit son activité, s’il souhaite une activité. Pour ma part, j’ai pris cinq mois pour exister, être, visiter, prier et lire. Puis j’ai accepté de prêcher des retraites. Mon activité est donc de répondre à la demande des prédications de retraites ou de faire des interventions diverses, en sachant qu’avec l’âge, on en fera moins...