[bleu]Enregistrer un CD, c’est une aventure ! Comment cela s’est-il fait ?[/bleu]

Ce sont les frères dominicains de ma communauté qui m’ont proposé il y a quelque temps d’enregistrer un CD avec des morceaux de piano que j’aime jouer et j’ai accepté.

[bleu]Qu’est-ce que cela représentait pour vous ?[/bleu]

C’était un défi parce que je ne m’étais jamais plié à ce genre d’exercice, à part lors d’un concert qui avait été enregistré. C’était donc une première pour moi.

[bleu]Où est-ce que vous avez enregistré ?[/bleu]

Cela s’est fait dans la salle Don Bosco avec mon piano sur lequel j’avais déjà eu l’occasion de donner des concerts. L’enregistrement devait se faire dans le silence total et cela n’a pas été facile. Quand on entendait une voiture, ou d’autres bruits, on était obligé d’interrompre l’enregistrement et de le recommencer.

[bleu]Comment avez-vous vécu l’enregistrement ?[/bleu]

C’est un exercice assez stressant, car on se dit : je ne dois faire aucune faute. Je ne peux pas dire que pour cette première expérience, j’étais totalement détendu, j’aurais souhaité avoir plus de temps, plus de recul. Mais cet enregistrement m’a donné envie de me perfectionner, de m’améliorer.

[bleu]L’album s’inscrit dans un répertoire de musique profane, pourquoi ? [/bleu]

On a souvent l’impression que la musique classique est réservée à des initiés. J’ai enregistré des morceaux connus, d’autres qui le sont un peu moins, mais j’espère qu’ils permettront à ceux qui ne sont pas habitués à la musique classique de se familiariser à elle.

[bleu]Vous avez commencé la musique petit, qu’est-ce qui vous pousse à continuer ?[/bleu]

Le piano a toujours été une activité constitutive de ce que je suis. Tout en étant religieux et prêtre, j’ai pu continuer. J’aime le piano et j’aime pouvoir le partager avec les autres. Pouvoir organiser des concerts avec d’autres musiciens, pouvoir jouer dans la salle Don Bosco, mais aussi dans d’autres endroits, je trouve cela très stimulant. Et puis, le fait que les gens apprécient, me pousse à continuer. Mais je suis conscient que le manque de temps ne me permet pas d’aller en profondeur. Je reste un amateur, mais je trouve que c’est déjà une gageure de continuer la musique tout en menant de front mon activité de prêtre et de religieux. Pour moi, la musique est plus qu’un loisir, c’est aussi une manière de vivre.

[bleu]Quelle place la musique tient-elle dans votre vie ?[/bleu]

Je ne peux pas dire qu’elle est à la première place, ma vocation de religieux et de prêtre prime, mais je dirais qu’elle tient la deuxième place. En même temps, c’est un univers dans lequel j’évolue personnellement, où j’apprends aussi à découvrir ce que je suis, à découvrir mes limites. Pour moi, il est important que la musique ne soit pas simplement un lieu où je me réfugie. Il faut qu’elle soit un lieu où je puisse en même temps nouer des contacts et faire partager cette joie, ce plaisir. Pour moi, c’est un domaine de mon activité de prêtre, car ça reste quand même assez original de voir un prêtre qui concilie sa vocation de prêtre avec une passion de la musique et je crois que là aussi c’est un domaine sur lequel je peux rejoindre des personnes. Je crois que je continuerai à faire de la musique tant que je pourrai.

[bleu]Pensez-vous que la musique vous rapproche de Dieu ?[/bleu]

Pour moi, Dieu c’est celui qui fait le lien avec les hommes. D’une certaine manière, la musique rapproche les hommes entre eux. Elle leur permet de vivre des émotions, de partager des expériences humaines et spirituelles. Mais le cadre religieux est dépassé parce que la musique permet d’atteindre des personnes dans des situations diverses, donc on se situe sur un terrain un peu différent, un terrain parallèle et je pense que ça ne peut être que plus enrichissant. Pouvoir rejoindre par la musique des personnes que je ne verrais pas forcément à l’église est quelque chose de positif. Je pense que la musique me renvoie aussi à moi-même, qu’elle m’invite à être plus exigeant et attentif. Je dirais qu’au fil des années, il m’a été donné de découvrir que je pouvais davantage et je crois que je n’ai pas encore fini d’explorer cette part de moi-même. À travers cet exercice de la musique, je me dis qu’il y a aussi quelque chose à découvrir, à partager avec les autres. Je suis dans cette recherche et je pense que cela rejoint ce que je peux essayer de vivre et d’exprimer dans ma relation avec Dieu que j’essaie de vivre dans ma vie de prêtre.