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Situation de crise... mais comment en sortir désormais ?
Article mis en ligne le 21 novembre 2018

par Willy Legros, de Sainte-Suzanne

Situation de crise, le constat est là mais comment en sortir désormais ?

Les violences urbaines des ces dernières nuits vont crescendo. Se demande-t-on réellement de quoi cela est-il le symptôme ? Quand on aura dépassé les propos les plus simples consistant à mettre en cause les parents, le système devenu trop laxiste, etc., qu’allons-nous faire ? Se demande-t-on pourquoi ces violences ? Mon avis, et il n’engage que moi, est que pour beaucoup ils se font le miroir de la violence sociale qu’ils subissent. À tous ceux qui leur souhaitent le pire, n’oubliez pas, ça pourrait être vos enfants. Ils réagissent exactement comme on attend d’eux qu’ils réagissent. Il est facile de les critiquer, mais que leur propose-t-on comme perspective d’avenir ? Pas grand-chose.

Concernant les revendications à court terme des gilets jaunes elles sont là, plus ou moins légitimes et il en ressortira ce qu’il en ressortira. Mais à long terme ? On va attendre à nouveau que cela explose dans 3 ans ? 5 ans ? 7 ans ? La réponse à la précarité ne peut être plus de précarité. La seule solution politique avancée depuis des années à La Réunion est toujours la même : les contrats aidés. Mais ces contrats sont indignes. Pourquoi ? Parce qu’on paie des gens en dessous du SMIC, pour une tâche qui bien souvent est utile à la collectivité. Avec quelle perspective ? Combien de personne ont pu trouver un emploi en sortant d’un contrat aidé, à l’aide de ce contrat aidé ?

La solution à moyen et long terme c’est l’EDUCATION !!! La FORMATION !!!
Il faut un réel plan Marshall pour l’éducation à La Réunion, et un plan qui englobe tout :

Pas plus de 20 élèves par classe.

Des éducateurs, des travailleurs sociaux, des étudiants, formés, et avec de vrais contrats de travail, qui seraient là, le soir, le mercredi après-midi, le samedi, pour accompagner les jeunes, les aider à faire leurs devoirs, les aider à atteindre des objectifs ambitieux.

Un réel plan de lutte contre l’illettrisme.
Un plan qui engloberait un vrai projet de formation professionnel par l’alternance, avec une aide substantielle pour les patrons qui embauchent des apprentis en CDI à l’issue de leur formation.

Des « écoles des parents » pour les aider à accompagner au mieux leurs enfants dans leur cursus scolaire.

Un vrai financement de l’éducation populaire. Des cours du soir pour les salariés qui veulent se former.

Arrêtons de voir dans la jeunesse réunionnaise qu’un vivier de sportifs, et d’artistes. Oui nous sommes bons dans ces domaines, et oui il faut une réelle ouverture à la culture, mais il faut aussi investir massivement dans la formation.

Et enfin, arrêter avec l’hypocrisie autour de notre langue régionale, et de notre histoire. Apprenons-leur notre histoire pour qu’ils en soient fiers. Une double, triple culture est toujours une richesse, jamais un handicap.

Et pour ce soir ? La solution ne viendra pas des forces de l’ordre. Non, la solution viendra des parents, des grands frères, grandes sœurs, et surtout des mamans. Qu’elles soient en bas des immeubles, dans les quartiers à partir de 20h et qu’elles parlent avec ces jeunes. Je sais que j’en demande beaucoup, mais il faut l’admettre, le pilier de la société réunionnaise a toujours été et sera toujours la mère. Et aussi, arrêtons de parler d’eux comme si c’étaient des animaux. Ces jeunes sont notre avenir. Croyons en eux. Investissons en eux. Ils sont la solution, pas le problème. Donnons-leur une autre optique que la violence.

Et pour ceux qui se disent que je suis bien naïf, je vais leur dire quelque chose. J’ai grandi dans un quartier dont je suis fier. Le village Desprez. Dans un immeuble social, un des premiers, si ce n’est le premier. Alors oui, mes parents y sont pour beaucoup dans ce que je suis devenu, mais il n’y a pas qu’eux. Il y a aussi des gens qui quand j’étais jeune étaient là pour moi, pour nous. Ces gens ce sont Florelle, Tatie Sandrine, Papy Antoine. Et j’en oublie. C’étaient des éducateurs, des vrais. Ils nous considéraient comme leurs enfants. Ils nous corrigeaient quand il fallait. Ils nous occupaient dans notre temps libre, et nous emmenaient en tour de l’île, en compétitions sportives. Et force est de constater que dans notre génération beaucoup s’en sont sortis. Si je suis professeur aujourd’hui c’est aussi grâce à eux. Et même si je ne les vois plus aussi souvent, que je ne donne pas de nouvelles, je ne les oublie pas.
La solution à long terme, c’est des gens comme eux.

Je ne sais pas qui me lira jusqu’au bout, mais ce que je sais faire c’est écrire, alors j’écris. Partagez si ça vous semble utile, ou pas. Mais au moins je me serai exprimé.

Willy Legros
Sainte-Suzanne


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