logo article ou rubrique
4 organisations appellent à changer notre regard sur les migrants
Article mis en ligne le 11 juin 2018

par Françoise Adam de Villiers

Répondant aux nombreux appels du pape François à promouvoir « une authentique culture de la rencontre », plusieurs organisations qui travaillent à l’accueil des migrants viennent de publier un communiqué commun, Changer notre regard sur les migrants : Mieux comprendre pour mieux accompagner. Le Service national de la Pastorale des Migrants, le CCFD-Terre Solidaire, JRS France et le Secours catholique-Caritas France affirment ainsi leur engagement commun pour un travail de sensibilisation sur le long terme.

Ces organismes expliquent ainsi leur démarche : « Chacun constate, via son expérience personnelle ou les médias, que les phénomènes d’accueil comme de rejet des migrants sont au cœur de l’actualité. La capacité des Français à tendre la main, comme la montée des peurs à l’égard de ces personnes cherchant un meilleur avenir, sont des faits largement constatés. L’Église et globalement les chrétiens ne sont pas épargnés par ces phénomènes et semblent partagés entre accueil et rejet. Comment résister à cette montée des crispations et des oppositions au sein même de la communauté chrétienne ? »

Depuis un an déjà, les quatre organisations ont commencé un travail de fond, d’abord pour «  comprendre, sans a priori, sans porter de jugement moral, les raisons et les ressorts qui provoquent chez certains un repli et des réactions de fermeture », afin de « trouver les moyens d’aider les chrétiens à dépasser ces peurs et être en mesure d’appréhender la question des migrants de façon sereine et dépassionnée ».

Ainsi, deux études ont été menées fin 2017 et début 2018 : une première en interne, sous forme de relecture et d’analyse d’actions, une seconde réalisée par More In Common avec le concours de l’Ifop, et qui vient d’être rendue publique.

Principal enseignement qui ressort de cette deuxième enquête : « Elle démontre qu’une partie conséquente des chrétiens peut être accompagnée pour que soit renforcée leur disposition à l’hospitalité et la solidarité, si l’on sait écouter et prendre en compte leurs situations et craintes propres ». Un constat jugé « très stimulant » par les organisations, qui ont en conséquence décidé pour les années à venir d’un programme « d’actions et de messages communs et/ou complémentaires pendant le temps de la campagne Partager le chemin » lancée par le pape François en septembre 2017.

Les points principaux de l’enquête
relevés par les quatre organisations

1. Une majorité se dessine en faveur de l’accueil. 61% des catholiques interrogés refusent la fermeture totale des frontières et 71% d’entre eux soutiennent l’intégration par le travail.

2. L’opinion catholique rejette les solutions à l’emporte-pièce. Ils refusent notamment de trier les migrants : 60% des catholiques rejettent l’idée d’accueillir prioritairement des migrants ayant des niveaux d’éducation et de qualifications supérieurs aux autres. Et ils sont 41% (contre 39% et 19% sans opinion) à penser que les migrants font des efforts pour s’intégrer.
L’attitude des catholiques à l’égard des migrants ne se résume pas à une lutte des ouverts contre les fermés : elle est plutôt dominée par l’ambivalence. En vérité, chacun d’entre nous est traversé par des questionnements sur ce sujet complexe.

3. 55% des catholiques sont en désaccord avec l’affirmation selon laquelle « c’est un problème que la majorité des migrants venant en France sont musulmans » et seuls 22% jugent l’islam incompatible avec la société française. De plus, 47 % des catholiques déclarent que les musulmans ont des valeurs similaires aux leurs.

4. Néanmoins, un tiers des pratiquants se sentent en insécurité culturelle : ils ont le sentiment que l’Islam occupe une place et une influence de plus en plus importante. Mais cette inquiétude ne se traduit pas par une stigmatisation : ils distinguent l’islam, qu’ils connaissent mal, des musulmans, avec lesquels une majorité d’entre eux se sent en communauté de valeurs.

5. Le débat public sur les questions « culturelles » tend à occulter les questions sociales, notamment parmi les publics les plus fragiles, parfois très éloignés de l’Église, qui se sentent abandonnés par l’État.

6. Quelles que soient leurs perceptions des migrants, les catholiques donnent du temps, de l’argent ou en nature : leur engagement n’est pas déterminé par leurs attitudes. Un catholique sur deux a fait un don ou une action en faveur des migrants depuis un an. Une proportion qui reste élevée, même parmi les groupes les plus hostiles à l’accueil de l’étranger.

7. Les catholiques restent attachés à la parole du Pape ; ils sont 61% à être en accord avec ses déclarations sur les migrants. Car, plus on est sûr de ses valeurs, plus on est accueillant. Un travail positif et inclusif sur l’identité catholique dans une société en pleine mutation peut porter ses fruits. L’appel du Pape à aller vers toutes les périphéries a aussi toute sa place dans une démarche de sensibilisation et de changement de regard.

Télécharger l’enquête complète


Appels à dons, bénévolat

puceContact puce RSS

2009-2024 © Diocèse de La Réunion - Tous droits réservés
Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 4.3.3
Hébergeur : OVH